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“Didis & gominé”

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Attention à la marche ! Le rebord occidental des Altas Cumbres de Córdoba ne pardonne pas, qui dégringole brutalement d'un gros millier de mètres de dénivelé pour s'étaler sur le touristique Valle del Conlara. Pas de quoi cependant effrayer une R12 !
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Pour enlever cet obstacle lacéré de quebradas acérées, au départ de Villa de Merlo, il faut emprunter la “Cuesta de los Cóndores” – le conducteur prendra soin de laisser l'observation des condors à ses passagers, les virages réclamant une attention soutenue...
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L'aire de repos panoramique est une occasion plus sage de s'adonner à l'observation du majestueux charognard – à défaut, on pourra enrichir sa collection de matés d'un bel exemplaire estampillé “Recuerdo1 de Villa de Merlo”.

1 Recuerdo = souvenir

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Et puis, évidemment, on ne manquera pas de grimper sur le sempiternel sulky de circonstance pour avoir sa photo-souvenir. Quant aux condors, on attend toujours qu'ils daignent passer...
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Peu importe, on repart de plus belle vers le sommet de la côte, tandis que tout en bas se découvre Villa de Merlo, villégiature chérie des Cordobais et des Puntanos. La route, elle, est à peu près déserte...
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...et se termine en eau de boudin : l'asphalte s'interrompt brutalement à la frontière provinciale qui couronne la sierra ; côté cordobais, une mauvaise piste rejoint la retenue de Río Tercero. Nous ne nous attardons pas au restaurant d'altitude et chaussons de suite nos gros godillots.
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Nous gambadons sans but précis sur l'échine velue de la Sierra de los Comechingones, dont le nom perpétue le souvenir de cette nation aborigène décimée par les conquérants espagnols au XVIème siècle.
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Comme pour mieux évoquer leur tragique souvenir, certaines plantes ont un qué-sé-yo insolite et macabre, tels les doigts de condamnés enterrés vivants, figés dans une dernière et vaine supplique...
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Sur ces aimables considérations, nous avisons une étrange proéminence, barbouillée d'une myriade de paillettes scintillantes – le Cerro Blanco nous aguicherait-il outrageusement ? Ensorcelés, nous succombons à son appel...
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Une fois sur place, le masque tombe : ces centaines de réflecteurs éblouissants sont des blocs de granite particulièrement riches en quartz. Nous renonçons à les empocher pour jouer les Petit Poucet.
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En quelques enjambées {de sept lieues}, nous voici redescendus dans le Valle del Conlara, et nous nous immisçons maintenant dans la quebrada qui mène au Salto del Tabaquillo.
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La gorge est encombrée de nombreux éboulis, au travers desquels le torrent se fraie un passage avec davantage d'aisance que nous n'en faisons preuve pour escalader ces menues cataractes. Beau parcours de santé.
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Certaines sections requièrent à l'évidence autant de sveltesse que d'agilité. Délicieuse impression de s'extraire de la bonde d'un gigantesque évier. Une fuite a heureusement détourné les eaux vers un autre boyau.
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Quant à la douche, elle nous attend au terme de la Quebrada, un cul-de-sac dont nous renonçons sagement à escalader la paroi glissante. Nous nous contenterons de savourer les bienfaits de ce brumisateur naturel.
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Le magnifique tabaquillo éponyme n'est hélas pas photogénique, planqué dans un recoin ténébreux ; aussi le photographe se rabat-il sur les jolis pompons d'un espinillo en fleur.
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Au sortir de la Quebrada, nous tombons sur le tournage d'un clip publicitaire – “Carancho” Darín1, figure incontournable du grand écran argentin, y tient la vedette, avec cet air bourru et narquois qui lui est coutumier.

1 Ricardo Darín est un des acteurs les plus en vogue {et les plus brillants} du cinéma argentin actuel. Il fut notamment à l’affiche de deux films mondialement plébiscités : Nueve Reinas {Neuf Reines, 2000} et El secreto de sus ojos {Dans ses yeux, 2009 ; Oscar 2010 du Meilleur Film Étranger}. Signalons deux autres films moins médiatisés mais tout aussi remarquables et sans doute plus intrigants : El aura {L’aura, 2005} et XXY {sorti en 2007}. Enfin, et cela justifiera notre petit calembour, nous mentionnerons ce troublant polar où Darín joue le rôle d’un charognard des accidents de la route : Carancho {sorti en 2010}.

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Silence, on tourne. « A l'écran comme à la ville, ma chevelure est un soucis constant pour moi. Les épis du matin me rendent bien chagrin ! Heureusement, j'ai trouvé la solution pour remettre de l'ordre dans mon camail en pagaille...
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Avec Lisse-Plume™ des Laboratoires Charognard®, adieu les faux-plis et les frisettes : j'applique Lisse-Plume™ sur mon plumage, après ma toilette, et le résultat est garanti ! Pas un seul rachis qui rompe les rangs !
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Mon look est impeccable, du matin au soir, et si mon ramage se rapporte à mon plumage je ne suis pas prêt de déguster mon fromage {rires}. En revanche, je peux fourrager dans les viscères de mes victimes sans craindre de retrouver des cheveux dans la soupe.
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Grâce à sa formule exclusive aux extraits d'ilex paraguariensis, je ne crains pas les pellicules, et ça ne colle pas ! Aujourd'hui, les caresses c'est sans complexes ! Charognard®, parce que je le vaux tour ! »
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Trêve de sarcasmes. Fichons la paix à ce vieux carancho, trop faible pour se rebiffer. Il a bien mérité d'être admis en soins intensifs au dispensaire animalier où nous venons d'achever notre rando. Les épis sont désormais le cadet de ses soucis !

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