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“La damnation des fosses”
![]() 1 Pour un 1er janvier, rien de tel que d'aller faire trempette en bord de mer ! A une dizaine de kilomètres de Cafayate, cette plage de sable fin attire une foule de baigneurs ! |
![]() 2 Ah ? Je vous ai déjà fait la blague à propos du Valle de la Luna à Atacama ? Désolé, je ne m'en souvenais plus. Et en même temps, vous tombez toujours dans le panneau... |
![]() 3 Bref, quoi qu'il en soit, si sable il y a, ce ne sont que des dunes sans littoral – et sans baigneurs, ni même touristes : l'endroit est désertique, déserté, désolant. |
![]() 4 La végétation locale est écorchée vive, aussi nous ne nous attardons pas davantage aux Médanos1, et changeons radicalement de paysage... 1 Médanos = dunes |
![]() 5 La Quebrada de Cafayate est autrement plus extraordinaire ! La langue verdoyante du Río de las Conchas vient lécher les mandibules sanguinolentes de la Sierra de Carahuasi,... |
![]() 6 ...dont les stériles forteresses de grès évoquent le Grand Canyon nord-américain, dans des tons encore plus “colorados1” ! 1 “Colorado” est un faux ami cruel en Castillan – synonyme de “rojo”, il signifie “rouge”, et est très usité lorsqu'il s'agit de caractériser un paysage. |
![]() 7 La gigantesque muraille offre néanmoins quelques brèches étonnantes, qui sont autant d'étapes touristiques affublées de toponymes plus ou moins farfelus ; |
![]() 8 ce cylindre, par exemple, est dénommé “Amphithéâtre”, mais “Marmite” eut sans doute mieux convenu : certes, l'acoustique est digne des réalisations de la Rome antique,... |
![]() 9 ...mais, faute de gradins, les striures de la paroi témoignent de la pression formidable, générée par un tourbillon diluvien, qui sculpta cette cocotte-minute pantagruélique. |
![]() 10 A cent mètres de là, un autre chaudron entaille le rempart ; ce gosier béant est celui de la “Gorge du Diable” {vocable décidément très prisé1 par les Offices de Tourisme} ; 1 On pense notamment à la fameuse “Garganta del Diablo” d'Iguazú, ou à celle de Tilcara. |
![]() 11 le moins que l'on puisse dire, c'est que cet œsophage asséché a tout de même la dalle en pente, et nous n'avons pas non plus froid aux pieds {nus}, car la roche est brûlante ! |
![]() 12 Tant et si bien que, pour ma part, je préfère m'arrêter aux amygdales ; Nico, plus téméraire, se hisse jusqu'à la glotte et me nargue triomphalement. Rira bien qui rira le dernier... |
![]() 13 Bientôt... « Ah ! on fait moins le fanfaron quand il s'agit de redescendre, tu vois : tu veux jamais m'écouter, mais moi je me doutais bien, je suis plus prudent – la sagesse même {...} ! ». |
![]() 14 Le retour sur Cafayate est moins périlleux, mais je ne ravale pas mon audace et compare sans vergogne ces empilements de blocs poreux à un Amoncellement en polystyrène de Dubuffet – ou à son “style puzzle” des années 60, je pense par exemple aux “Allées et Venues” de 1965... Non ? Bon, j'insiste pas... |
![]() 15 Nous renouons illico avec la Ruta 40, dont le revêtement s'est sensiblement amélioré ; de nombreux badenes bétonnés franchissent le lit des ríos, asséchés en cette saison. |
![]() 16 Cruelle déconvenue : une barricade ferme la route de Quilmes, citadelle en ruine des Diaguitas, que nous comptions visiter ; |
![]() 17 les actuels représentants de cette nation indigène protestent contre l'accaparement impie du site par l'État, à des fins touristiques mercantilistes, et réclament la restitution de leur patrimoine historique. |
![]() 18 Nous passons donc notre chemin, non sans amertume – mais ça n'est que partie remise. Allons bon ! Même les moutons font des manifs maintenant ?! |
![]() 19 Pour meubler cette fin de journée écourtée, nous dévions les derniers kilomètres de notre périple pour emprunter la Ruta 47– le bitume, tout compte fait, nous endormait. |
![]() 20 Et puis, il faut relever un peu la monotonie du paysage, dont quelques tornades époussettent mollement la plaine impavide ; même le ciel accuse un coup de blues ; |
![]() 21 quant aux cactus, ils manquent terriblement de piquant ! Mes blagues aussi, me direz-vous... Qu'à cela ne tienne, voici que notre affaire va se corser... |
![]() 22 Nous attaquons en effet la traversée des Nevados del Aconquija, chaîne culminant à plus de 5000 mètres d'altitude. Pas question de monter si haut, nous nous contenterons de frôler les 3100. |
![]() 23 La spectaculaire Cuesta de las Capillitas conduit à la mine Santa Rita, principal gisement de rhodochrosite, la pierre précieuse nationale de l'Argentine. Nous aurons une autre occasion de la visiter. |
![]() 24 Si je dis « spectaculaire », c'est que cette route d'à peine 60 kilomètres de long est taillée à flanc de précipices, étayée tout du long par un rustique remblai de pierres ; |
![]() 25 et la piste ravinée, sans rambarde ni glissière de sécurité, se cramponne ainsi sur ce soubassement de fortune, ajouré d'orifices faisant office de gouttières. |
![]() 26 Bien entendu, il faut partager la voie avec le bétail, qui, comme s'il paissait dans la pampa, se promène en toute liberté et nous cède le passage à regret ; |
![]() 27 et puis ce sont les chèvres, tout autant livrées à elles mêmes sur la rocade de ce patelin perdu, juché à 3000 mètres d'altitude dans un repli de montagne. |
![]() 28 Les habitants de cette cordillère sont plus nombreux que l'on croit, et s'appliquent à cultiver des lopins abrupts et caillouteux, cependant fertiles. |
![]() 29 Passé le col à 3100 mètres, nous découvrons l'autre versant de la chaîne, enveloppé d'un moutonnement nébuleux ; les éclaircies sont parcimonieuses. |
![]() 30 Plus au sud, épargnée par les nuées qu'endigue le massif, la ville d'Andalgalá ponctue de reflets laiteux le nivellement brutal du Campo de Belén. |
![]() 31 Mais pour atteindre cette étape ultime de notre périple, il reste à se farcir des kilomètres et des kilomètres de virages à n'en pas finir, tant la déclivité est pondérée. |
![]() 32 Lorsqu'enfin nous touchons le fond, le crépuscule est déjà largement entamé, et une torpeur moite semble plomber les teintes évanescentes de la sierra. |
![]() 33 Pourtant, l'apathie des photos est trompeuse, et ne saurait rendre l'infernal crissement des cigales, d'une proportion inouïe, terrifiante, industrielle ! Concert de clôture. |