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“Le sel a rendez-vous avec la Lune”

Ce carnet de voyage fait partie d'un périple plus vaste. Reprenez-le depuis le début ! C'est ici : « Des Andes à la Lune ».
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D'étranges chimères nous escortent alors que nous quittons Antofagasta par la Panaméricaine – le nez en l'air,...
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...nous en oublierions de prendre garde aux longs trains qui de temps à autres coupent notre route sans trop crier gare !
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Bientôt, nous quittons la Panaméricaine, et nous nous enfonçons vers le Désert d'Atacama, louvoyant entre les mines de cuivre.
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Au terme d'un bref défilé, encombré de poids-lourds peu scrupuleux du code de la route, le paysage s'ouvre grand sur un horizon délavé ;
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c'est le Salar d'Atacama, vers lequel nous dévalons tout schuss ; avec moins de 10 mm de précipitations par an, c'est l'un des endroits les plus arides de la planète.
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Pourtant sa surface blanchâtre, gorgée de chlorures, sulfates, nitrates, borates, etc., est le vestige d'une mer intérieur, qui s'est évaporée il y a plusieurs centaines de millénaires.
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De loin en loin sont édifiés d'étranges mastabas immaculés : il s'agit de mines de lithium, métal qui n'existe dans la nature qu'à l'état d'impuretés dans des sels.
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Pompeusement baptisé “Balcon du salar”, Peine n'est pas loin de nous en faire {...}. Pas un chat dans les ruelles {normal : Medor veille} ;
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ici la majorité des paroissiens travaille aux différentes mines du Salar, quand ça n'est pas jusqu'à celle de Chuquicamata1, à 200 km d'ici !

1 Chuquicamata est une gigantesque mine de cuivre à ciel ouvert, proche de Calama ; nous l'avions déjà évoquée à propos d'Antofagasta, qui en est le terminus ferroviaire et le débouché maritime.

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Nous transitons ensuite par Socaire, village similaire à Peine, encore que soigneusement défiguré par une forêt de lampadaires disproportionnés ;
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étagé sur le piémont de la cordillère, le terrain est une petite oasis d'agriculture en terrasse, au cœur de l'aridité ambiante.
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Davantage de vie à San Pedro de Atacama, à présent, point de chute des nombreux touristes qui ratissent cette région riche en attractions géologiques.
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Les constructions sont, pour la plupart, en adobe, cette brique de terre crue, mêlée de paille, séchée au soleil.
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La rue “Gustavo le Paige” rend hommage au prêtre belge qui, à partir de 1955, se consacra à la reconnaissance de la culture des indiens Atacamas.
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Le portique de la municipalité s'est paré comme il se doit de branchages de sapin {si exotique} et de guirlandes {si esthétique} ;
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en face, une petite église typique des hauts-plateaux andins, blanchie et trapue. Mais nous délaissons rapidement San Pedro pour...
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...la plage ! Voici le “Valle de la Luna” {“Vallée de la Lune”} : sable fin, ciel limpide, soleil couchant, il ne manque guère qu'un élément pour parfaire le tableau –
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la mer ! Mais ici aussi, au nord du Désert d'Atacama, l'eau s'est fait la malle depuis belle lurette, résultat d'une longue évaporation ;
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il n'en reste pour toutes traces, outre le salar voisin, que des reliefs érodés par les rebuffades de cette mer prise au piège.
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L'ascension de la principale dune du site n'est pas une partie de plaisir : progresser dans le sable est éprouvant. « Et si tu sortais les mains de tes poches, aussi ? »
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Une fois parvenus au faîte de ce barrage de sable, nous pouvons longer cette corniche affûtée, comme des funambules...
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...marchant sur la Lune ; car le Valle de la Luna porte bien son nom, surtout lorsqu'à la nuit tombante le relief vire de rouge à gris.
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Si les similitudes morphologiques avec la Lune peuvent prêter à la controverse, il est en revanche une analogie édifiante : faute d'humidité, la vie y est inexistante1.

1 On n'y rencontre guère que de très sporadiques exemplaires de “Liolaemus”, petit lézard sud-américain particulièrement coriace.

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Tandis que les sillons ravaudés disparaissent dans la pénombre crépusculaire, à l'horizon s'enflamment les silhouettes jumelles du Licancabur et du Juriques ;
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une gémellité estropiée, cependant, dont une légende atacameña explique en termes mythologiques l'histoire tellurique explosive –
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dame volcan Juriques {à droite} fut décapitée par son lointain mari, le Lascar {plus loin sur la cordillère}, pour s'être laissée séduire par son voisin le Licancabur {à gauche}.
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Quant à nous, nous venons de quitter San Pedro après y avoir passé la nuit, et nous roulons déjà vers la frontière argentine.
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Mais voici qu'au cœur de ce no-man's-land nous découvrons un étrange campement militaire...
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« En avant, marche ! Gauche – Gauche – Gauche » serine un sous-lieutenant à la mine chafouine, caracolant en tête des troupes, héroïquement décoré ;
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les jeunes recrues bombent le torse et suivent fièrement la cadence, réglant leur pas sur celui de leurs aînés.
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{Certaines esprits retors, en revanche, semblent en avoir par-dessus la tête}
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Tantôt, on peaufine les techniques de camouflage les plus sophistiquées pour se fondre dans un décor de sel et de bruyères ;
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tantôt, on s'exerce au maniement des armes sous l'œil d'un vieux colonel bigleux : « plus souple du cou, soldat, pour réussir votre crachat ! ».
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A mesure que nous montons en altitude, pour repasser la barre des 4000 mètres, nous retrouvons les paysages dilatés et chamarrés de la Puna ;
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et voici enfin le Paso de Jama, à 4200 mètres d'altitude : nous quittons le Chili – mais l'aventure ne fait que continuer côté argentin !
Le périple « Des Andes à la Lune » n'est pas terminé ; poursuivez l'aventure !

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