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Nous voici sur les hauteurs de La Falda, haut-lieu touristique du Valle de Punilla, armés de pied en sac pour une petite randonnée dans la Sierra Chica.

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Objectif : le Cerro de la Banderita, un sommet replet de 1360 mètres d'altitude, histoire de se dégourdir les pattes.

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En chemin, nous déboulons sur le terrain de jeu d'une troupe de chevaux à demi sauvages, qui badaudent placidement sur le sentier ;

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si certains sont visiblement trop occupés à se goinfrer, et à chasser les mouches, pour nous prêter un semblant d'attention,...

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...d'autres, en revanche, la touche rebelle et les naseaux impudents, nous dévisagent effrontément.

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Il faut parfois s'expliquer longuement avec les riverains, un tantinet obstinés, pour pouvoir poursuivre notre route.

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Au bout d'une bonne heure, laissant dernière nous un première éminence coiffée d'une remarquable antenne radio,...

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...nous atteignons le sommet de La Banderita, agrémenté d'une carcasse de parabole et d'une éolienne poussive. Belle récompense.

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A l'horizon, l'échine de la Sierra Chica est balafrée par les travaux de la route asphaltée qui bientôt reliera Rio Ceballos à La Falda.

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Un peu amer, le photographe noie brièvement sa frustration dans la contemplation d'une fleur de cactus.

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Le lendemain matin. Après une nuit de repos à Capilla del Monte, nous attaquons derechef une nouvelle ascension, celle de l'Uritorco.

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Le point culminant de la Sierra Chica promet des passages plus escarpés que notre petite balade de la veille.

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Au fil de la progression en corniche, de beaux points de vue s'ouvrent sur le nord du Valle de Punilla, Capilla del Monte et la retenue d'El Cajón.

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Bientôt, passés les 1600 mètres d'altitude, nous débouchons sur de plus amples pâturages.

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C'est l'occasion de se livrer à un petit safari botanique, qui décuple la frénésie du photographe,...

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...mais divise la patience de son acolyte par cent. Au bout du quinzième chardon, on attend un miracle.

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Celui-ci advient, sans toutefois produire les effets escomptés : une sorte d'alien vorace tombe du ciel et relance la séance-photo.

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Puis c'est une grosse abeille qui, nonobstant l'indiscrétion du téléobjectif, butine à cœur joie.

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Une quantité prodigieuse de clichés plus tard, l'ascension reprend de plus belle vers la cime.

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Et nous parvenons enfin à bout de l'Uritorco et de ses 1950 mètres d'altitude, en un peu plus de deux heures.

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Le calvaire de bric et de broc est agrémenté de dizaines de grigris : bracelets, ficelles, pendentifs, étoffes, porte-clefs et autres colifichets.

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A l'est, le panorama sur la Sierra Chica est baigné d'ombres mouvantes qui la nimbent d'une certaine surréalité ;

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voilà qui alimente le mystère sur ces parages faussement bucoliques, où ufologues et illuminés divers ont coutume d'interpeller les extra-terrestres.

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Au bout d'une heure de stop, aucune soucoupe volante n'ayant daigné nous prendre, nous cherchons un moyen de redescendre plus rapidement.

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Empruntons la voie des airs ! – L'idée, si tentante, n'est que pure fiction ; ce sont nos mollets qui nous ont ramenés en bas, et nous voici maintenant à Cuchi Corral ;

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situé sur le rebord occidental du Valle de Punilla, près de La Cumbre, c'est un haut-lieu du parapentisme mondial. Pour notre part, nous dévalerons cette quebrada¹ en auto.

¹ Quebrada = ravin, gorge, faille, toute interruption du profil d'une sierra par le passage érosif d'un torrent.

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Au pied de la sierra serpente un tranquille ruisseau aux eaux cristallines, le Río Pintos ; une aubaine !

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Nous nous jetons à l'eau sans hésiter, heureux de pouvoir laver les efforts de la matinée dans un endroit aussi charmant.

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Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls : à quelques dizaines de mètres de nous, un curieux plaisancier, héron de son état, prend un bain d'échasses.

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Puis nous reprenons la route, qui trace de grands segments de terre dans la pampa verdoyante et ondulée ;

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nous longeons le pied-mont du Valle de Punilla, qui va en s'affaissant vers le sud jusqu'à se confondre avec notre niveau.

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A hauteur de La Falda, nous débouchons sur la Pampa de Oláen, dont les broussaille dorées pâlissent avec les prémisses du crépuscule ;

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nous arrivons à l'église de Santa Barbara, perdue au milieu de pâturages scintillants, où le bétail a les coudées franches.

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La petite chapelle, apparemment si tranquille, est le cadre d'une procession annuelle attirant des centaines de pèlerins. On a raté le coche.

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Sur la route du retour, un barrage de vaches grévistes nous retarde momentanément ; on parlemente, on négocie,...

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...et puis on s'esquive en prenant soin de bien refermer la tranquera. Bravo Nico, tu as obtenu ton brevet de vaquero¹ !

¹ Vaquero = vacher, cow boy