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Le Río Paraná, descendant puissamment du Brésil, est le deuxième plus grand fleuve d'Amérique du Sud.

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A l'horizon, rive gauche, s'étend la sauvage campagne de la province d'Entre Ríos, ses marais, ses llanos ; mais au premier plan, rive droite...

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...voici Rosario, province de Santa Fe, le “berceau du drapeau argentin” {et accessoirement de Che Guevara, qui y vit le jour en 1928}.

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L'orgueilleux “Monumento a la Bandera” {Monument au Drapeau} abrite la dépouille du général Manuel Belgrano, créateur en 1812 de la bannière nationale.

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Cette ronflante machinerie patriotique, élevée en 1957, se veut un bréviaire civique ;

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statuaire fascisante et emblèmes nationaux veillent sur la rhétorique lapidaire de Belgrano,...

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...qui fustige notamment « ces exécrables qui [...] violent la constitution » ; c'est ce qui s'appelle de l'auto-dérision... !

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Plus prosaïquement, avec ses 78 mètres de haut, la tour fait office de mirador touristique – la spéculation immobilière fait rage au bord du Paraná ;

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d'autant plus que le parc qui borde les rives du fleuve est un endroit très apprécié des Rosarinos, qui viennent y chercher un semblant de calme et un peu de fraîcheur ;

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se prélasser sur ses pelouses desséchées est une bonne occasion de compléter la promenade patriotique initiée au Monument ; on y croisera “l'oiseau national argentin”, l'hornero,...

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...et en levant la tête on reconnaîtra à ses fleurs rouge vif, si caractéristiquement formées en grappe, un exemplaire de “l'arbre national argentin”, le ceibo. Beau concours de symboles nationaux.

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A l'occasion, on se laissera tenter par une petite excursion en lancha, pour atteindre quelque balneario perdu dans les îles, en vis-à-vis de Rosario ;

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attention toutefois à ne pas percuter un de ces gros tonnages qui transitent sur le Paraná, et dont le Pont Notre-Dame-du-Rosaire {récemment inauguré en 2003} donne une idée du gabarit.

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Mais revenons-en à notre mirador. En contrebas s'étend le Patio Civique, haut lieu des rassemblements officiels, dont les degrés mènent en douceur au classique Propylée ;

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tel le décor de quelque tragédie classique, dont les acteurs en treillis seraient {ou furent ?...} de sanguinaires tyrans promptes au génocide et à la démagogie {...},...

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...l'austère colonnade veille sur les restes du Soldat Inconnu des Guerres de l'Indépendance, qui ensanglantèrent les Provinces Unies du Río de la Plata à partir de 1810.

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En retrait du complexe, les rebuts d'un projet plus ancien ont été récemment ressortis de derrière les fagots, et aménagés au milieu d'un grand bassin ;

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en 1910, ce patriotisme trop charnel n'avait pas eu l'heur de plaire aux autorités chargées de statuer sur l'érection d'un monument.

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En guise de bouquet final, à la nuit tombée, le vaisseau de pierre se pare de “celeste”, le bleu clair national, et disperse les ténèbres de l'oppression coloniale aussi sûrement que la Statue de la Liberté.