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Le Río Mina Clavero serpente entre plages de sable et rochers polis, en marge du village éponyme dont nous apercevons un des nombreux établissements hôteliers.

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Ce cadre idyllique est très apprécié des Cordobais, et les estivants ne se départissent jamais de leur maté ni de leur thermos !

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Un peu plus en amont, les eaux de la rivière s'élargissent au lieu-dit du Nid de l'Aigle, qui constitue un plongeoir naturel très prisé des baigneurs ;

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la profondeur de l'eau s'y accroît brusquement, mais ce sombre abîme est engorgé de gros blocs de roche qui rendent le plongeon périlleux.

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Autre activité phare du Valle de Traslasierra, les promenades à cheval {cabalgatas}. Va pour un petit tour...

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Nous franchissons à gué le Río Los Sauces¹ – la saison des pluies est pour bientôt, et en janvier ça sera une autre affaire !

¹ “Les Saules”

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Puis nous chevauchons à bride abattue vers l'horizon chimérique ! {disons plutôt que les pauvres rosses se traînent péniblement sous un soleil accablant}

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Notre guide, un farouche gamin peu enclin aux commentaires, rappelle à l'ordre notre fringant poulain qui traînait la patte en queue de peloton.

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Bientôt, nous atteignons ce petit pipi de chameau, but ultime de notre excursion : la pose s'impose pour immortaliser ce mirifique prodige de la Nature.

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Pendant ce temps, Nico s'essaie en reporter ornithographique. Plutôt réussi.

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Au retour, nous croisons un convoi exceptionnel – attention : un cavalier peut en cacher un autre !

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Au terme de cette journée accablante de chaleur, nous nous baignons aux “Éléphants”, autre balneario de Mina Clavero.

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parmi les rochers pachidermiques, l'affluence est plus importante que ce main, et le plongeoir est pris d'assaut par les centres aérés.

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Le lendemain, nous inscrivons au programme de la journée la visite du spectaculaire et farfelu Musée Rocsen.

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Je résisterai au plaisir de vous présenter en intégralité la galerie de portraits qui rehausse indéniablement la majesté de la façade ;

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ces 49 santons mal dégrossis sont l'œuvre du fondateur du musée, le Français Jean-Jacques Bouchon ; ils figurent l'histoire de la sagesse humaine.

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Les moulages des Anciens rendent assurément un bel hommage à la sensualité et au pathos de la sculpture hellénistique...

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Ce monstrueux Père Noël assailli de turbulents morveux n'est autre que le Christ, qui trône au centre de la frise.

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Oui, la secrétaire aux cheveux longs, engoncée dans son tailleur, et désireuse de masquer l'indécence de sa mini-jupe, n'est autre que Descartes !

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Oh ! E.T. ! Mince, au temps pour moi : c'est Gandhi que figure cet extra-terrestre vêtu de fanfreluches rococos. A ses côtés, le “Prince de Patagonie”, Ceferino Namuncura.

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Mais trêve de blasphèmes ! Pénétrons dans ce curieux sanctuaire, et entamons consciencieusement la visite de ce musée “polyfacétique”, comme c'est écrit.

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Certaines salles procèdent de la juxtaposition brouillonne d'objets hétéroclites,...

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...tandis que d'autres reconstituent des univers en vase clos, tel cet intérieur français que l'on verrait bien hanté par George Sand.

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Non moins coquet, cet atelier automobile entasse frénétiquement phares, pistons, boîtes de vitesse, bougies, moteurs, etc., avec un soin peu coutumier des talleres locaux.

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cette accumulation un rien tatillonne confine parfois à une exhaustivité carrément polissonne.

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Une rutilante caisse enregistreuse évoque les boliches et pulperías¹ d'antan.

¹ Boliche, à l'origine, désigne un bistrot, en lunfardo {l'argot du Río de la Plata} ; aujourd'hui, le terme désigne une boîte de nuit. Quant à la pulpería, c'est un débit de boisson, repère de gauchos.

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La collection minéralogique est riche de dizaines d'exemplaires soigneusement étiquetés, au premier rang desquels figure cette splendide Rose des Sables aux allures de danseuse de flamenco.

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Nul montage photographique, il manque bel et bien une tête à ce véritable Cerbère bovin, empaillé pour la postérité.

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Le rayon taxidermie possède également de nombreuses volailles de toutes espèces, comme cette brochette de carpinteros pointillistes.

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Poursuivant notre périple entomologique, nous papillonnons rêveusement de vitrine en vitrine.

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Le panneau des insectes n'est pas moins impressionnant ; toute une armée de bestioles s'y tient au garde-à-vous ;

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lui emboîte le pas un imposant défilé de blindés, dotés des dernières avancées technologiques en matière d'artillerie lourde,...

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...tandis qu'en marge du cortège se défile un croquignolet bataillon de planqués.

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Dans les beaux quartiers, les maroquiniers proposent des modèles du dernier cri en cuirs de tatou ou de yacaré.

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Le musée est non fumeur, mais certains espaces réglementés proposent d'élégants cendriers.

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Ingénieux partenariat que ce recoin concédé à Castorama, quoique la rotation des stocks semble un peu défaillante.

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Je vous avouerais, non sans révéler les regrettables limites de ma curiosité intellectuelle, que certains pans du musée sont particulièrement sciants.

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Après scies et marteaux, il ne manquait plus que la pointe – « Pompon-Pompon {bis}, moi je veux jouer de l'hélicon ! »

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Aux murs du rayon « Arts de la table », une ménagère en argent fait la roue – curieuse façon de mettre le couvert.

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Après la dînette, voici les poupons – même sous verre, leurs mines patibulaires vous flanquent la trouille.

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Les petits garçons ne sont pas en reste : quelques jouets complètent la section Enfance.

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Nous abordons sans transition l'accueillante salle consacrée à l'Anthropologie ;

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une intéressante collection de plectres côtoie une passionnante exposition consacrée à l'histoire du bilboquet.

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« Qu'est-ce t'as, p'tite tête ? » titre une vitrine dédiée à une brève anthologie du calembour pygmée.

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La pièce maîtresse culmine sur une pyramide de caboches vides : l'authentique crâne de Björn Borg, enfant.

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Ce fragment du Mur de Berlin est l'occasion d'une diatribe acharnée contre le capitalisme ; la proximité de la Casa del Che, à Alta Gracia, y est sans doute pour beaucoup.

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Parmi les pièces maîtresses du musée figure une surprenante collection de gravures originales de dessins de Piranèse, réalisées par Piranèse fils {vous me suivez ?}.

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Un impressionnant fossile des temps modernes, “Duplicatodocus Rex”, de la famille des Sort-rien.

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Et au registre des consommables, voici une machine à fabriquer des cartouches {de 16mm}.

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« Chat mord ? » {désolé, mais j'aimerais bien vous y voir, vous, pour commenter toutes ces photos !!}

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Majolique persane du XV^ème siècle. {oui, mon inspiration humoristique fait grève – ça arrange tout le monde}

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A défaut d'inspiration, j'ai l'embarras du choix pour l'aspiration, au rayon électroménager !

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Et puis, si l'angoisse de la vignette blanche se prolonge, je pourrai faire un tour au rayon des idées lumineuses.

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« Arroseurs arrosés » – elles marchent encore rudement bien, ces vieilles bécanes en noir-et-blanc !

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A l'entrée d'un improbable gîte rural, une foule cosmopolite de fantômes se presse ;

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parmi eux, des gauchos arborent leur splendide panoplie, boleadoras¹ et facón² ostensiblement accrochés au ceinturon.

¹ Boleadoras = lasso terminé par un trio de boules, que le gaucho projette dans les pattes du bétail pour l'entraver

² Facón = grand poignard du gaucho

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Point de mire de la chapelle, qui clôt la perspective du musée, ce Christ en nœuds de bois aux yeux exorbités et à la mâchoire décrochée est tout bonnement terrifiant.

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Nous nous remettons de cette frayeur à l'ombre d'une pergola, sur la terrasse ensoleillée d'un salon de thé à Nono {c'est le nom du village}.

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Depuis la terrasse, on profite encore d'un beau panorama sur le Río de Los Sauces, avant de songer à rentrer sur Córdoba.

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« Dis, Michel : qu'est-ce qu'on fait la semaine prochaine ? » {souvenirs télévisuels d'enfance}.