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“La zoologie dans la mâchoire”

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Candides et guillerets après une dure nuit en car, nous piaffons d'impatience à l'entrée du Parc National Sierra de las Quijadas – oui, je sais : c'est comme le Port-Salut...
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Cependant, l'enthousiasme baisse d'un cran lorsqu'il faut affronter 5 kilomètres de ligne droite, en plein cagnard...
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En bordure de route, des ruines de fours précolombiens, voire préhistoriques, en tout cas précaires, nous distraient comme elles peuvent.
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Enfin, après deux mesquins kilomètres supplémentaires de zigzags, nous finissons par atteindre les modestes baraquements du camping.
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Il semblerait qu'une forêt de champignons géants aient été victime d'un bombardement à la guimauve.
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Dans cet environnement chaotique écrasé de soleil, nous approchons d'une profonde crevasse, qui s'élargit goulûment,...
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...et dévoile une gigantesque mâchoire, béante et aiguisée, justifiant pleinement le toponyme de “Quijadas1”.

1 Quijadas = mandibules

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Elle est ceinturée par un rempart abrupt de milliers de crocs équarris, qu'un esprit retors aux métaphores filées a préféré baptiser « farellones1 ».

1 Farellón = tourelle

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A leur pied s'étend une immense langue aux papilles mycosées, sur laquelle, il y a longtemps – c'était avant le cataclysme économique de 2001 – batifolaient les dinosaures.
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Gosier ou forteresse, on peut tout aussi bien préférer l'image d'un amphithéâtre, dont nous contemplons à présent le côté cour –
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avec sa pléthore de balcons, baignoires et loges qui s'étagent sur plusieurs niveaux de terrasses, on regretterait juste d'être un peu loin de la scène.
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Mais déjà, sous l'œil d'un pharaonique sphinx au visage simiesque, coiffé d'un pschent hertzien, le jour décline.
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Comme si le coloris général n'était pas assez martien comme ça, la lumière rasante avive violemment la roche purpurine, dont le rougeoiement devient presque aveuglant.
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A l'heure propice, en un recoin précis, l'astre décalcomaniaque révèle de curieux pétroglyphes, témoins énigmatiques d'une facétieuse civilisation précolombienne.
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Pouffant de rire {jaune}, le soleil va se planquer derrière la crête cabossée, talonné par une nuit plus encline à l'humour noir.
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Le lendemain matin. Un escadron de sympathiques mais effrontés comesebos andinos1 vient picorer les miettes de notre petit-déjeuner.

1 Littéralement “mange-suif andins” – Phrygilus gayi

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Rassemblement ! Au drapeau ! Notre mission sera d'ordre zoologique aujourd'hui, puisque nous entendons dénicher d'énigmatiques1 “guanacos” sur le sentier éponyme.

1 Ah... L'innocence des débuts... Nous pensions alors que le guanaco était une espèce rare, en voie de disparition...

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Voici le terrain de chasse des-dits guanacos, mais pas la moindre de ces bestioles mystérieuses n'est en vue.
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Qu'à cela ne tienne, nous inspectons minutieusement les moindres indices pouvant révéler la présence de notre furtif gibier.
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Nous découvrons par la même occasion quelques menus exemplaires de la flore locale, particulièrement épineuse.
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Dans l'écosystème semi-aride du monte, moins on est touffu, plus on rit – les feuilles sont rares.
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Mais pas les fleurs, qui éclosent avec d'autant plus de splendeur semble-t-il, si fragiles et soyeuses dans leur cocon de pointes acérées.
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Certaines manifestations végétales tiennent carrément du miracle – on se demande comment cette chétive créature n'a pas été piétinée par un de nos guanacos...
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Soudain, au détour d'un sentier, le sol s'ouvre brutalement sur une stupéfiante dépression – la pancarte et le cairn en bas à gauche donnent une vague idée de l'échelle !
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Ce gouffre est le Potrero de la Aguada, un cul-de-sac qui délimite au sud la monstrueuse dépression que nous avions découverte la veille.
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Avec ses remparts jalonnés de tours massives, auxquelles sont suspendues des myriades de tourelles coiffées de toitures coniques, la citadelle est imprenable.
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Sur le chemin du retour, interpellés par de curieux ricanements, nous surprenons une curieuse silhouette qui se profile sur l'horizon d'une crête...
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Penchant d'abord pour des girafes préhistoriques, ou quelque dinosaure rescapé de l'extinction finale, nous concluons bien vite qu'il s'agit tout bonnement d'un guanaco !
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Notre mission accomplie, nous repartons en stop jusqu'à San Luis, où une Vierge de Luján mignonnette nous souhaite un bon retour en car sur Córdoba. Sympathoche !

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