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“Embarquement immédiat pour les nuages”

Ce carnet de voyage fait partie d'un périple plus vaste. Reprenez-le depuis le début ! C'est ici : « Des Andes à la Lune ».
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Changement radical de décor au départ de San Salvador de Jujuy – finis les coloris criards et les reliefs arides du Valle de Humahuaca : place au vert exubérant !
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Nous franchissons actuellement le cordon subtropical des Yungas, qui balafrent les derniers reliefs andins d'une longue frange de végétation luxuriante
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La Panaméricaine s'y faufile tant bien que mal pour relier Jujuy à Salta, réduite à un mince ruban de macadam riche en virages et pauvre en visibilité – gare aux rencontres !
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Au bout d'un temps que nous n'avions pas imaginé si long, nous parvenons enfin à Salta, dont la place centrale est l'une des plus belles qui soient.
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D'une façon générale, “La Linda1”, comme on la surnomme, possède un charme que peu de villes argentines peuvent lui disputer ;

1 La Linda = La Belle

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ainsi son antique cabildo, dont les arcades monochromes superposent deux galeries, dans le plus beau style argentin ; sobriété, élégance,...
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...et fraîcheur : les rares passants qui osent affronter la torpeur zénithale trouvent volontiers refuge dans les interstices ombragés, appréciant le salutaire courant d'air.
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A l'angle de la place cuit la cathédrale, grosse meringue confectionnée au XIXème siècle, dont on peine à prendre la façade en photo, faute de recul ;
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stucs caramélisés et frises acidulées agrémentent cette surenchère architecturale jusqu'à l'écœurement, et on frôle la crise de foie devant pareil bonbonnière.
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Déambulation éclaire à l'intérieur, où la débauche de coloris criards ne dépare pas de l'aspect extérieur ; ci-gît, dans une chapelle latérale, Don Martín Miguel de Güemes.
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Décidément, la couleur est de bon ton à Salta : la polychromie est un credo tapageur, et l'église de San Francisco remporte la palme du maquillage.
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Le lendemain matin. « Stoppez, Regardez, Ecoutez – Attention aux trains » : conseils avisés que nous suivons scrupuleusement alors que nous remontons la Quebrada del Toro.
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En effet, notre piste longe, croise, coupe, enjambe à maintes reprises le tracé du Tren a las Nubes {“Train jusqu'aux nuages”} : ce train, dont la vocation minière s'est désormais reconvertie au tourisme, relie Salta à la frontière chilienne, en franchissant les Andes.
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Faute de trafic en cette saison, les touristes envahissent les voies, et ces deux-là retiennent Nico un bon quart d'heure pour qu'il se soumette docilement à tous leurs caprices photographiques.
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Lorsqu'enfin nous réchappons des voraces tourtereaux, nous pouvons reprendre notre ascension vers les nuages. 1700 mètres au GPS, on n'y est pas encore !
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La végétation peu à peu disparaît, et les imposants contreforts des Andes, tondus et colorés, obstruent la vallée, imposant à la voie ferrée de longs détours ;
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quant à notre piste, poussiéreuse, et bosselée comme de la tôle ondulée, elle poursuit son bonhomme de chemin avec plus d'audace, réservant quelques frayeurs,...
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...et d'insolites rencontres : ces déménageurs-ci gagnent vraisemblablement des terres moins touchées par le chômage et la misère.
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Au bout de deux heures, nous parvenons au terme de la Quebrada ; le paysage s'entrouvre, quelques cardones signalent la transition avec la Puna ;
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en marge du plateau d'altitude, d'imposants massifs cotent à plus de 6000 mètres, leur sommet chapeauté d'une calotte de neiges éternelles.
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Notre voie ferrée, elle, est parvenue à s'extraire de la gorge au prix de maints ouvrages d'art, et se dégourdit maintenant les traverses sur quelques kilomètres de ligne droite.
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Elle dessert bientôt le centre minier de San Antonio de los Cobres, qui nous souhaite une traditionnelle bienvenue faite de pierres blanches incrustées à flanc de colline.
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Les rues semblent désertes, mais à notre approche elles s'emplissent de mamies et de fillettes qui trimbalent tout un bric-à-brac de production artisanale ;
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assaillis par ces colporteurs oppressants, nous nous laissons aller à acquérir ces deux compagnons de route, en véritables poils de lama {plus ou moins domptés},...
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...ainsi qu'une élégante paire de gants, pour anticiper un futur périple patagon {pourquoi rougir, Nico ? c'est de honte, ou alors une réaction au poil de lama ?} ;
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un bonnet judicieusement assorti complète ce total-look lama, qui devrait faire fureur sur les pistes de Bariloche !
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Mais notre course-poursuite du train-fantôme ne s'arrête pas là, et nous conduit jusqu'au canyon de La Polvorilla1, à une quinzaine de kilomètres de San Antonio.

1 La Polvorilla = La Poudrière

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Pour franchir cette gorge, la voie ferrée emprunte le Viaduc de La Polvorilla, 13ème ouvrage de ce type depuis Salta – sans compter 29 ponts plus ordinaires {et 21 tunnels}.
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Avec ses 224 mètres de long et ses 63 mètres de haut, il trace une courbe indolente et délicate dans un paysage particulièrement désolé ;
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cette légèreté apparente tient à l'ossature arachnéenne de ses immenses piliers, et plus encore au simplisme de la construction, qui ne s'embarrasse ni d'arcs ni de haubans.
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Situé à 4200 mètres d'altitude, cet ouvrage d'art exceptionnel élève le Tren a las Nubes au 4ème rang mondial des lignes ferroviaires les plus hautes {en fonctionnement}.
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Pour jauger l'exploit, nous effectuons une grimpette ardue jusqu'au tablier, ce qui a vite fait de nous essouffler à pareille altitude. L'aménagement des bas-côtés laisse un peu à désirer...
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...et ne rassérène guère le sujet sensible au vertige que je suis. Pour le saut à l'élastique, on attendra.
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Après nous être promis d'aller un jour explorer au-delà de ce viaduc, jusqu'à la frontière chilienne, un peu plus près des nuages, nous nous résolvons pour l'heure à emprunter la correspondance pour Cachi.
Le périple « Des Andes à la Lune » n'est pas terminé ; poursuivez l'aventure !

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